Un problème de santé publique sous les projecteurs
Le Chlorure de Vinyle Monomère (CVM), classé cancérogène par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), est aujourd’hui au cœur de l’actualité. La contamination de l’eau potable par ce gaz, relargué par des canalisations en PVC installées avant 1980, a récemment fait l’objet d’une médiatisation intense, notamment avec un reportage d’Envoyé Spécial. Récemment, France 3 Normandie a évoqué les municipalités affectées par cette problématique. Il semblerait que plus de 300 communes en France soient confrontées à des niveaux excédant la limite réglementaire de 0,5 µg/L, ce qui contraint les autorités locales à mettre en œuvre des mesures correctives sans délai.
Si ce sujet est bien connu, il soulève aujourd’hui des attentes croissantes de la part des citoyens et des autorités sanitaires. Dans plusieurs communes, des restrictions d’usage ont été mises en place, et certaines collectivités ont dû organiser la distribution d’eau en bouteille. Face à ces enjeux, une approche proactive de gestion des réseaux devient incontournable.
Une problématique structurelle pour les réseaux d’eau potable
L’identification et la prise en charge du problème CVM ne se limitent pas à des actions ponctuelles. Cette situation révèle un défi plus large pour les infrastructures d’eau potable en milieu rural :
- Un réseau vieillissant : Les canalisations en PVC posées avant 1980 sont encore présentes sur de nombreux territoires. Leur remplacement représente un investissement conséquent, particulièrement pour les petites collectivités disposant de budgets contraints.
- Une dispersion géographique des zones à risque : Les hameaux et villages situés en bout de réseau sont les plus exposés en raison de la stagnation prolongée de l’eau, favorisant le relargage du CVM.
- Des exigences réglementaires de plus en plus strictes : La directive européenne 2020/2184 impose un suivi rigoureux de la qualité de l’eau, renforçant la pression sur les collectivités pour garantir la conformité sanitaire de leur réseau.
Dans ce contexte, l’enjeu ne se limite pas à la conformité immédiate, mais bien à la planification stratégique des renouvellements d’infrastructures.
Planifier plutôt que subir : une nécessité pour les collectivités
La remédiation du CVM dans l’eau potable repose essentiellement sur le remplacement des canalisations concernées. Cette opération est coûteuse et ne peut être envisagée sans une priorisation des actions à mener. Pour éviter des décisions précipitées et des investissements inefficaces, les collectivités doivent :
- Cartographier les zones à risque, en identifiant précisément les sections de réseau en PVC datant d’avant 1980.
- Hiérarchiser les priorités d’intervention, en tenant compte des taux de contamination relevés, des usages de l’eau et de la vulnérabilité des populations concernées.
- Optimiser le phasage des travaux, en intégrant les renouvellements dans un plan global d’amélioration des infrastructures.
Faire de la technologie une alliée
La technologie apporte une nouvelle dimension notamment dans ce contexte où il convient d’agir vite et de façon ciblée.
D’autant que les budgets liés à la rénovation des canalisations ne sont pas extensibles, bien au contraire. Les collectivités rurales sont d’ailleurs les premières concernées par cette pression budgétaire. Comme en témoigne, le taux de rénovation qui se situe très souvent bien en deçà des 1%. Rien de très surprenant quand la moyenne nationale se situe quant à elle à 0,63%.
Face à l’étendue du problème des CVM pour certaines collectivités rurales, les budgets peuvent vite s’envoler. En effet, le coût moyen d'un projet de renouvellement ou de réparation s'élève à environ 198 100 € HT (Rapport sur l’observatoire des coûts de l’Agence de l’eau Bassin Rhône - Méditerranée et de Corse).
Deux cas de figure s’offrent aux collectivités.
- Poursuivre sans outil d’aide à la décision signifie prendre des décisions de rénovation avec des marges d’incertitude, ce qui peut conduire à ne pas toujours prioriser les canalisations les plus critiques. Étant donné que les budgets n’évoluent pas aussi rapidement que les enjeux, il existe un risque de consacrer plusieurs décennies au remplacement des canalisations sans avoir la certitude d’avoir ciblé les interventions les plus pertinentes au bon moment.
- S’appuyer sur un jumeau numérique pour sécuriser votre prise de décision pour assurer des rénovations utiles.
Nous n'aborderons pas le premier scénario, dont les conséquences sont suffisamment évidentes. De plus, ces collectivités ne disposent pas des moyens nécessaires pour accélérer ces rénovations, sauf en augmentant les taxes auprès des usagers, une option généralement écartée.
Les collectivités rurales doivent donc trouver des astuces pour rénover intelligemment à budget maîtrisé. Cela répond au principe de faire mieux avec le même budget de rénovation.
Le deuxième cas de figure offre donc une réelle opportunité aux collectivités pour les soutenir efficacement dans ce grand chantier de rénovation des canalisations PVC installées avant 1980.
Mais concrètement de quoi s’agit-il ?